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Amsterdam 2015:

"Sous 2h32 et en négative split"

 Nathanaël Bordes/ bordesnath@gmail.com/ Saint-Girons, France

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Tous les ingrédients semblaient réunis. Les voyants étaient au vert sauf une douleur sur ma cuisse gauche qui me faisait douter.

    Les 3 premiers jours de la semaine avant le marathon, j'étais tendu, stressé, énervé. Je n'arrivais pas à me concentrer sur l'objectif. Mais je me suis progressivement relâché.

La veille du marathon et le jour J, je suis vraiment très zen. La folie des 20 Couserannais présents comme supporters m'a travaillé au corps et m'a stimulé.

    Pour bien faire, après mon petit déjeuner hâtif en ce dimanche 18 Octobre, je prends un taxi pour assurer le coup. Sur site dès 8h15, une heure avant le départ, je file doucement m'échauffer.

    Au hasard d'un boulevard isolé, les kenyans, les éthiopiens, les fameux "épiciers", prêts à en découdre.

     Tout doucement, je m'échauffe à côté d'eux. Abel Kirui, le 3ième des JO de Londres est là. Au fond de moi, ça me stimule. Je regarde leurs échauffements, leurs mouvements de relâchement. J'apprends et tente de les copier.

     A 9H10, je suis au milieu du stade pour attaquer mes gammes. Et en avant les éducatifs et les lignes. Toujours bien concentré, je me martèle les temps à réaliser par tranche de 5 kms. Je suis vite dans l'ambiance.

     9h25, je jette mes vieux vêtements et vais directement me placer sur la ligne de départ. Un dernier regard sur l'enceinte du stade en effervescence et je me glisse juste derrière Mister Wilson Chebet.

    Pan, c'est part;. Les premiers pas sont bons, la foulées sur la piste est légère. Je me paie le luxe de profiter de la bronca de sortie du stade, mes poils se hérissent et je file vers mon objectif.

    Dès le premier kilo, je suis dans les temps. Un peu rapide, je asse en 3'27. Je suis directement propulsé vers le groupe des 2H30. J'y retrouve Olivier Gaillard de l'USM Malakoff et coach du site runner.fr. Un rapide échange, mais je lève le pied. Il part pour 2h30. Ce n'est pour l'instant pas mon niveau.

    Je garde ma stratégie et retrouve en tournant la tête Hugo Van den Broeck, ancien international Hollandais, lièvre pour une kényane. Il m'annonce qu'il part pour 2h32. Pile mon tempo.

    Au kilomètre 3, j'ai déjà mon groupe. Je n'ai plus qu'à attendre mon heure. J'en profite pour regarder le Rijksmuseum....

Je me reconcentre vite car du 5° au 10° kilomètres sur les quais, l'allure change à chaque kilomètres. Nous avons 15 secondes de retard à notre tableau de marche.

    Une fois sur l'Amstel, Meryl Clark, internationale Australienne prend les choses en main. Elle accélère vivement . Le groupe se déforme.

     Au 11° kilomètre, mes potes Couserannais sont là. ils sont tous à fond. Mon pote d'enfance, lolo me tend une gourde pour le ravitaillement. Je l'absorbe rapidement. Un bon coup énergétique et je secoue le groupe. Mais j'attends quand même patiemment.

      Je passe au 15° kilomètre avec encore du retard . Le vent et l'allure changent. Meryl Clark en solitaire prend ses responsabilités. Elle file . Nous ne la reverrons plus. Elle terminera en 2h29'05. Enorme.

       Pendant ce temps je tente de faire le boulot. Je ne veux cependant pas me sacrifier car les épiciers autour de moi ont les dents longues. Les gars ne veulent pas bosser. Par deux fois, je zigzague pour les faire passer devant. Rien ne change et ce jusqu'au 25° kilomètre.

      A cet instant, tout sera magique. Je fais "la raclure", le sanglier couserannais. Je place une bonne accélération qui fera bien mal au groupe.

Marseille( un de mes amis supporters), observe cette scène au 25° kilomètre. En même temps, il me jette ma gourde. Je me sens pousser des ailes. Je plante ( pour moi ) un gros kilo en 3'26 à cet instant de la course. Et là arrive ce que j'adore: les longues lignes droites. Celles que j'ai travaillées tout le long de ma préparation en Couserans. Je sais à cet instant que le travail est en train de payer.

     Au regard de mon passage au semi (1h16'03''), je sais que j'ai mis le feu aux poudres. Le groupe a explosé. Je me lance donc dans une chevauchée fantastique, seul.

     Au 28° kilomètre, mon fan club est là. Les 20 couserannais m'encouragent. Ils me galvanisent. Je me dis à cet instant " you can do it".

     Au 30° kilomètre, j'ai 20 secondes d'avance sur mon tableau de marche. Mais je sais, pour avoir couru Amsterdam en 2009, que j'ai encore 2 difficultés.

     Au 33°, le parcours se corse. 2 ponts sont à passer. C'est dur, mes jambes se raidissent. J'ai cependant décidé de ne rien lâcher et sais que la performance est au bout de cette difficulté. Mes amis sont au bout de la montée du pont. Lolo me tend ma gourde et fait avec moi quelques mètres. Je repars aussitôt. Je m'arrache et poursuis.

    Au 38° kilomètre nous rentrons dans un grand parc. J'y repêche Olivier Gaillard. Je ne lui jette même pas un regard. Je suis déterminé.

    J'arrive au 40° kilomètre, pile dans le temps prévu, soit 2h23'20. Mon allure est revenue. Je continue à cravacher et à être positif dans ma tête.

    Et là d'un coup, en levant la tête, l'entrée du stade. Plus que 500m à parcourir. Sortant de nulle part, Marseille, Nono et Cis m'encouragent. C'est la pure surprise. J'ai les yeux exorbités tellement j'ai la rage de vaincre. Le punk qui est en moi s'est réveillé. D'ailleurs la voisine de mon pote au cri que nous avons poussé tous ensemble aurait pu avoir une crise cardiaque.

   Gonflé à bloc, je pénètre dans le stade. La dernière ligne droite est là. J'en profite pleinement et lève les bras pour franchir l'arrivée.

   40ième au général, second de ma master class et surtout un négativ split dans le second semi (1h15'17s). J'achève mon marathon en 2h31'20s et bat mon record d'Avril 2013 de 2'21.

Vraiment génial. Je suis heureux du travail accompli depuis ma blessure de Juillet et remercie vraiment mon coach et l'ensemble de mes supporters pour m'avoir soutenu lors de ce moment.

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