
Hambourg 2016: Objectif atteint : 2h29'12''
Nathanaël Bordes/ bordesnath@gmail.com/ Saint-Girons, France

Marathon Hambourg 2016
Ce 11ème compte rendu possède et possèdera une saveur particulière.
J'ai réussi ce marathon, à l'aide de ma famille ( merci à mon papa et à ma maman de m'avoir éduqué aux valeurs sportives, au dépassement de soi et de m'avoir fait découvrir le marathon), à une bande de potes , à trois coureurs qui m'ont accompagné depuis le début de l'histoire à Barcelone 2008 et à mon investissement. Si j'oublie des supporters qu'ils veuillent bien m'excuser. .
Merci à mon Clown clown des îles, Caoulet, Domie, Long noze, Piff, Higgins, Lcx, Benjo, Delph, Barbasstache, Lolo, Julie, Jem's et Sophie, Ronfle, Boubou, Fuentes.... mes amis coureurs, proches (Sanchez family et Portos) ou lointains (clin d'oeil aux Satucistes et à Maji) et bien sûr au coach "Kerloch is my guru" pour m'avoir soutenu, encouragé et concocté des plans d'entraînements pour réussir.
J'y rajoute aussi ma maman qui a supporté les caprices d'un coureur de fond en l'accompagnant par tous les temps sur les pistes et routes du Couserans. Comme quoi la réussite est le fruit d'une équipe.
Mais revenons au marathon.
Affûté, préparé et relâché depuis 14 jours, je souhaite en découdre avec ce nouveau marathon. Mon objectif est simple, franchir la barre des 2h30.
Cet objectif avec Yannick, nous l'avons préparé depuis le 19 Octobre 2016, soit un jour après le marathon d'Amsterdam. La récup post marathon a été quasiment inexistante. J'ai en tout et pour tout , en 6 mois, coupé 3 jours. De toutes façons, si tu veux réussir, il faut s'en donner les moyens et c'est ce que j'ai essayé d'effectuer en prenant part à un stage cross made in Couserans avec les amis du Satuc. J'ai aussi pu réaliser de longs entraînements et un fort kilométrage pendant 3 mois de préparation intensive.
Cependant, sur marathon, la science est loin d'être exacte même si des signes avant-coureurs te donnent des indications.
En ce dimanche 16 Avril 2016, je suis donc paré pour en découdre avec la blue line. Mon objectif est bien en tête.
5h30, le réveil sonne. J'ai très bien dormi. Je me lève très vite. Mon cerveau fait un rapide salto et se met tout de suite en marche.
Tranquillement j'avale mon petit déj. J'ai le ventre un peu noué. La tension est palpable surtout qu'en jetant un oeil sur la météo, ils annoncent 30-40 km/h de vent. Il va donc falloir la jouer fin et ne pas arriver entamé en fin de course.
7h, je m'habille en costume moulant pour affronter le froid. Vêtu d'un collant des sixties, je pars au combat. Mon pote V2, Manu Dos Santos, dixit " la luciole" me récupère et nous partons pour l'aventure.
Arrivé dans le stand du départ, je tente de m'isoler et de me concentrer. Rien n'y fait. La musique de mon MP3 ne me détend pas. Heureusement, que lors de l'échauffement les choses se passeront différemment.
8h20, c'est parti pour 20' de footing et lignes droites. Je me remémore les séances, les entrainements, les courses. Je m'encourage et me dis que je vais réussir. S'ensuit quelques gammes et accélérations
8h50, je rentre dans le sas. Le tapis rouge est déroulé. L'ambiance, la frénésie monte. Le speaker hausse le ton et es élites arrivent. Je retrouve un coureur de ma région, Guillaume Laclergue. Nous finissons l'échauffement ensemble.
8h59, pan, c'est le départ.
Je sors du fouret, de la masse et m'extirpe du sas de départ. Les 42.195 km m'attendent pour réussir mon pari.
Je me retrouve au bout de 500m derrière El Hachimi, l'international belge. J'entends aussi l'entraineur de Laurane Picoche l'encourager. Elle vient à ma hauteur. Je lui suris. Je la questionne pour savoir si elle part pour 2:30.Elle me répond par le positif. Dès cet instant je sais que je suis dans le bon groupe. Il me reste à me concentrer et à tenir jusqu'au bout.
Premier kilo passé, 3'24. Un peu rapide mais je ne m'inquiète pas. Je suis quand même dans l'allure. En cette première partie, nous longeons le quartier rouge d'Hambourg où les sex shops fleurissent.J'en rigole. Mais je me reconcentre très vite. Nous filons par la suite vers les quartiers résidentiels. Je passe pile poil au 5ième kilo en 17'45. C'est parfait. Nous sommes un bon groupe de 6- 8 personnes avec l'internationale Allemande Anja Scherl amenée par 2 lièvres. Laurane Picoche est là aussi et ne me lâche pas. Nous filons à bonne allure. Je suis bien au milieu du groupe et j'attends patiemment mon heure. Je profite du temps calme pour regarder le quartier de la Elbchaussee même si nous sommes dans un faux plat montant.
Progressivement le groupe accélère. Nous passons au 10ième kilomètre en 35'19
C'est tout bon. Je positive dans ma tête et me martèle que je vais réussir. Nous arrivons progressivement vers le port. J'aperçois les tankers, les grues, les conteners. Sur près d'un kilomètre, la foule est amassée. De la folie. Que d'encouragements. Mes poils se hérissent. J'ai même le privilège d'être filmé. Mais je ne me désunis pas. Je reste concentré. J'en profite au 12ième kilomètre pour récupérer ma boisson énergétique tendue par Nath.
Nous traversons maintenant les quais. Rien ne bouge sauf au 17ième kilomètre. Anja Scherl demande à son lièvre d'accélérer. Pourtant nous sommes bien. Nous courrons à 3'29-3'28. Je ne comprends pas. je râle. Je dis à Laurane Picoche de s'accrocher mais elle laisse quelques mètres. Elle me suit tant bien que mal.
Au passage du semi marathon, franchi en 1:14'15, elle est assez proche de moi. Mais le plus dur commence. J'ingurgite un nouveau gel énergétique et continue mon cheval de bataille. Laurane au 22ième saute. Je vais faire cavalier seul. Je vais donc devoir user de mes capacités mentales pour terminer vite. Je sens que le négative split est possible.
Entre le 25ième et 30ième kilomètre, j'accélère. Je passe ces 5 kilomètres en 17'29 malgré le vent de face qui au fil des kilomètres se renforce.
Le "jabali" du Couserans" est dans la place. Dans mon champ de vision, le parcours défile et les kilomètres avancent.
Au 31° kilomètres, les supporters sont là. Je suis encore à cet instant très relâché. Cependant un kilomètre plus loin, au milieu du no man's land d'Hambourg, le vent se renforce. C'est dur et les longues lignes droites sont là. Je résiste et mon allure ne baisse pas. Je suis toujours sous les 3'33 au kilomètre.
Il me reste maintenant 7 kilomètres à parcourir. Le marathon débute. La température de mon corps monte. Mon bras droit commence à faire l'essuie glace. Je tente de ne pas " sauter" car le résultat peut être au bout.
36° kilomètre, passage sous l'arche Red Bull, c'est le retour en centre ville. La foule devient plus dense. Au 37ième kilomètre, mes supporters sont là. Mon visage n'est plus le même. Il se marque. Je prends mon dernier coup de boisson, serre le poing et tente à nouveau de positiver.
L'arrivée n'est pas loin. Je rattrape " les morts". Entre le 38ième et 39ième kilomètre, mon allure oscille entre 3'31 et 3'36. Je n'ai pas encore trop craqué. Je sais que je vais réussir mon pari.
A l'entrée du 40ième kilomètre, je rattrape Sarah Chepchirchir, complètement à la dérive. Malgré un faux plat montant je ne lâche rien. L'arrivée est proche. J'ai 2 concurrents devant moi. Je leur emboîte le pas et les double. Perez Madai au 41° kilomètre est tombée dans mon escarcelle. Plus qu'un kilomètre pour lever les bras et passer sous les 2:30.
A cet instant je ne pense plus, le tapis rouge est devant moi. Je sprinte. Le chronomètre défile. J'accélère et donne tout ce que j'ai pour lever les bras et franchir la ligne en 2:29'12.
Ce n'est que du bonheur. J'embrasse le tapis rouge. j'hurle tellement c'est bon. Les larmes me montent. Vite fait je repense à tous mes sacrifices réalisés, aux soutiens des potes, aux plans du coach et aux 2 qui me regardent là haut.
Oui je suis fier, je peux l'être. Je vais rester un bon moment sur mon petit nuage. Ce genre d'épreuve est à marquer au fer rouge dans une vie car c'était mon objectif, celui de passer sous les 2:30.